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Isaac Moiré, le poète rémouleur

Isaac Moiré, le poète rémouleur


L'échoppe du poète dans les vestiges de l'ancien rempart
L'échoppe du poète dans les vestiges de l'ancien rempart

Quand on descend l’escalier des Boucheries au Mans, notre regard est attiré par une sorte de cachot avec une plaque apposé sur le mur où il est inscrit « Dans ce local, vécut de 1814 à 1822 le poète rémouleur Isaac Moiré ». Ma première réflexion a été : « Mais qui était cet homme ? » On connaît peu de choses sur lui, il est né le 09 octobre 1771 au Mans, cependant, on ne sait pas quand il est décédé. Il a exercé beaucoup de métiers dont celui de rémouleur « Quinze métiers divers ont fatigués mes mains » écrit-il. J’ai retrouvé une trace de lui dans les « Affiches, annonces et avis divers de la ville du Mans » datant du jeudi 22 décembre 1814 : où il est inscrit cette annonce : « Superbe graine de sapin, première qualité, à vendre à juste prix. S’adresser an sieur Moiré, marchand, à l’escalier des Boucheries ». Il se met à composer sur le tard à 42 ans. En ce début du XIXe siècle où le Mans comptait 20 000 habitants, Isaac Moiré habite dans une sombre échoppe plus proche du cachot, une porte et une fenêtre à barreaux, maçonnait dans l’escalier des Boucheries, dans l’enceinte rue des Fossés Saint-Pierre dans les vestiges de l’ancien rempart. C’est dans cet espace qu’Isaac Moiré va composer en 1818 Les Souris un poème héroï-comique à la gloire du petit rongeur, en 8 chants, les prémices d’une poésie ouvrière sous la Restauration, une poésie naturelle et spontanée...

Il publiera sous la forme de livrets, chez Fleuriot, un libraire-éditeur du Mans, puis dans les colonnes de l’Asmodée Cénomane (un hebdomadaire d’Essais sur la littérature et les beaux-arts, Ed Fleuriot) et dans l’Écho de la Sarthe (Ed Fleuriot). Il lisait beaucoup dans son échoppe tout en occupant ses mains, il fut : teinturier, papetier, débitant de tabac, maître à danser, marchand de vieux livres, fabricant de brosses, de cages, de souricières et rémouleur, tout cela pour survivre pendant que son esprit vagabondait de vers en vers. Il était boudé par la très officielle Société Royale des Arts du Mans et mourut oublié des Sarthois après avoir connu son heure de gloire et maintenant : « Et la lyre à jamais illustra le taudis » Isaac Moiré.

Au fil du Zoom

 

Sources : Almanach du Maine, Ouest-France, la Ville du Mans, Affiches, Annonces et Avis divers de la ville du Mans, le Mans sous la Restauration – Christian Delporte,