· 

04/10/1916, deux soldats de Mayet et de Luché-Pringé meurent dans le naufrage du GALLIA, la plus grande catastrophe maritime de la Première Guerre mondiale


Tombe du soldat de 2ème classe Emile Eugène GARNIER - cimetière de Mayet (72)
Tombe du soldat de 2ème classe Emile Eugène GARNIER - cimetière de Mayet (72)

Au début du mois d’octobre 1916, le mercredi 4 pour être précis, le GALLIA, croiseur auxiliaire de 1er rang, ancien paquebot transatlantique « affecté au service Bordeaux-Brésil-Piata » (la Croix du 10/10/1916), navigue sur la mer Méditerranée avec à son bord 1650 soldats français, 350 soldats serbes et 50 marins. Sa mission, est de transporter ces troupes et « un important matériel de guerre impatiemment attendu […] par le général Sarrail » (l’Humanité du 30/10/1916) sur le Front d’Orient pour venir en aide à l’armée serbe et tenter d’affaiblir la Triple Alliance. Sur le GALLIA, ce 4 octobre 1916, se trouvaient un régiment d’infanterie de réserve, le 35e RI, celui du soldat 2ème classe Emile Eugène GARNIER né à Mayet le 30 juin 1879 et du 2ème classe Henri Joseph DELAROCHE né le 21 septembre 1881 à Luché-Pringé ainsi que quatre autres régiments d’infanterie territoriale (les 55e, 113e, 59e et le 15e escadron du train des équipages militaires). Ces soldats avaient en moyenne 30-35 ans, Emile GARNIER en avait 37 et Henri DELAROCHE avait 29 ans. Ils étaient considérés comme trop âgés pour se battre sur le front de l’Ouest.

Le mardi 03 octobre, le GALLIA quitte son port d’attache de Toulon en mettant le cap sur la ville de Salonique en Grèce, à sa barre le lieutenant de vaisseau KERBOUL de Cherbourg « qui est mort à son poste volontairement » (Excelsior du 13/10/1916). L’ancien paquebot naviguait seul car le croiseur qui devait le protéger, le GUICHEN, a eu une avarie et il n’était pas au rendez-vous pour l’escorter. Le 04 octobre, à 14h, le GALLIA reçoit un message radio lui annonçant qu’un sous-marin ennemi, l’U35, commandé par le lieutenant de vaisseau Lothar Von Arnauld de la PERIERE un as de la marine allemande qui avait à son actif 194 navires coulés, naviguait non loin de lui. Ce qui laissait peu de chance au navire français.

Bien qu’ayant dévié de sa route, le GALLIA est repéré à cause de la fumée noire qui s’échappe de ses trois grandes cheminées. La mer était calme, le navire français naviguait en zigzag vers le Sud. A 17h30, l’U35 allemand lance sa dernière torpille, à une distance de 800m, en direction du croiseur auxiliaire français le touchant au niveau de la soute arrière à tribord, juste à l’endroit où se trouvait le stockage des munitions, l’impact va déclencher des explosions en chaîne « et détruit immédiatement le poste de TSF mettant ainsi le navire dans l’impossibilité d’appeler les secours » (Excelsior du 10/10/1916). A travers le périscope contre lequel le Gallia ouvre le feu, le commandant allemand note que « les ponts du navire sont noirs de soldats » (Journal de bord de l’U35 en date du 04/10/1916). Le navire va sombrer en 15mn. Le sous-marin allemand plonge et s’éloigne de sa cible puis refait surface plus loin pour poursuivre sa route.

Sur le pont, les officiers ainsi que l’équipage essayent de garder un semblant de calme. Mais la plupart des soldats embarqués ne savaient pas nager. Ils vont se précipiter en courant vers l’avant du bateau où se trouvent les chaloupes car l’arrière s’enfonce rapidement dans l’eau froide de la Méditerranée. « Nous gonflons vivement nos ceintures de sauvetage et coupons les cordes des radeaux » (témoignage d’un rescapé dans le Matin du 28/10/1916). C’est la panique générale, les canots et les radeaux sont très vite surchargés. Le Gallia coule très rapidement par l’arrière, puis se redresse pour disparaître complètement. « Des cadavres flottent déjà sur les vagues. Beaucoup ne sachant pas nager sont morts asphyxiés. D'autres, blessés par l'explosion, sont morts des suites de leurs blessures et surnagent, teignant de leur sang le bleu foncé de la mer ». (témoignage d’un rescapé dans le Matin du 28/10/1916). Des radeaux et des canots restés non loin du naufrage vont être récupérés par un croiseur français dans la journée du 5 octobre. « Par ailleurs d’autres embarcations ont pu atterrir sur la côte Sud de la Sardaigne » (l’Avenir de la Mayenne du 15/10/1916), le 07 octobre. « Un seul cri sort alors de nos poitrines : Vive la France ! » (témoignage d’un rescapé dans le Petit Courrier du 29/10/1916).

En ce temps de guerre, la propagande jouait beaucoup sur le moral des troupes et sur les familles. Le 10 octobre, soit 6 jours après le naufrage du GALLIA, le Ministère de la Marine communiquait aux différents journaux « à l’heure actuelle 1362 sont sauvés » (La Dépêche, L’Avenir de la Mayenne, l’Excelsior, l’Ouest Eclair… en date du 10/10/1916).

Mais la vérité est tout autre, en seulement 15mn, Emile Garnier et Henri DELAROCHE et 1336 de leurs camarades vont se noyer au large de San Pietro en Sardaigne, il n’y aura que 600 rescapés. Ils sont Morts pour la France ce 4 octobre 1916 (Jugement du Tribunal civil de première instance de Toulon le 31/10/1917).

Ecrit par Au fil du Zoom

 Thierry Bomben

Sources : presse écrite de l’époque ; France24, 04/10/2016 ; Mémorial Gen Web et Mémoire des Hommes (fiche individuelle d’Emile Garnier et Henri Delaroche)  ; le Berry Républicain, 11/11/2018 ; chtimiste.com (naufrage du Gallia) ; histomar.net (journal de bord de l’U35) ; cimetière de Mayet